La réforme de l’organisation territoriale de l’Etat (énième réforme) a touché également de plein fouet les services déconcentrés du Ministère du Travail, complétant la première phase de démantèlement des services déconcentrés ministériels initiée par la Révision générale des politiques publiques en 2009. Depuis le 1/4/2021, véritable poison d’avril en pleine crise sanitaire, les échelons régionaux des Directions régionales de l’économie, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (DIRECCTE) ont été fusionnés avec les anciennes Directions régionales de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DRJSCS), délestées des services J et S, et les échelons départementaux ont été intégrées dans les Directions départementales de la Cohésion sociale (et de la protection des populations dans 60 % des départements), leurs services de la Main d’Œuvre étrangère ont vu leurs compétences transférées aux préfectures, ainsi que leur services support aux Secrétariats généraux communs (SGCD), intégrés au réseau des préfectures. Ces novations cassent la ligne hiérarchique du Ministère du travail, mêlent sans raison ni logique des missions relevant de cultures spécifiques et, surtout, placent les services départementaux sous l’autorité des préfets, qui, dorénavant, nomment et notent les directeurs départementaux et gèrent leurs moyens, ce qui est très pratique pour faire des économies sur le dos des missions. Dans la droite ligne des textes du style Loi 3DS (décentralisation, déconcentration, différenciation et simplification), cette réforme vient détruire encore plus l’égalité de traitement des citoyens des différents territoires, laissant la bride sur le cou aux préfets pour se soumettre aux pressions et intérêts locaux, au détriment de l’indépendance de l’inspection du travail. Cerise sur le gâteau : la mise en œuvre de cette contre-réforme, un tant retardée pour cause de Covid, est conduite à marche forcée, sans aucune préparation, causant de multiples couacs en termes de fonctionnement, de conditions de travail, d’identification des responsabilités, de continuité des services publics. La FSU avait déjà dénoncé auprès du premier ministre cette orientation quand elle n’était alors qu’un projet. Elle est aux côtés des agents-es qui doivent subir de front ces errements et la poursuite des suppressions de postes. Elle dénonce la préfectoralisation des administrations d’Etat et réclame le respect des cultures professionnelles et des garanties internationales touchant l’inspection du travail.