Interview extraite de la « page FSU » du bulletin de la FSU-SNUipp 54 de juillet-août-septembre 2023. Pour retrouver l’ensemble du numéro, c’est ICI !

Climat, féminisme, précarité, répression : ces sujets pour lesquels la jeunesse se mobilise font écho à ce que nous vivons dans nos classes. Interview avec Alexian Lajoie, Trésorier de l’UNEF Lorraine.

 

Outre les fortes chaleurs pour lesquelles le bâti scolaire n’est pas pensé, on constate depuis quelque temps que les questions environnementales impactent de plus en plus notre quotidien professionnel. Par exemple, en raison de la sécheresse, divers scenarii ont été présentés pour pallier un éventuel manque d’approvisionnement en eau potable du haut de Villerupt, auquel appartiennent le collège et deux écoles. La jeunesse s’investit beaucoup dans la lutte pour le climat. Quelles sont les actions menées localement par l’Unef Lorraine à ce sujet ?

A.L. : Comme sur d’autres sujets, on soutient les associations plus spécialisées comme Youth for Climate et on organise des formations communes à destination de nos adhérent·es mais aussi plus largement des étudiant·es. On en parle aussi lors des réunions ou en faisant des interv’ dans les amphis ou pendant les TD.

 

Au vu du nombre de jeunes aux différentes actions contre les discriminations et les dominations à Nancy, que ce soit pour la Marche des Fiertés ou plus récemment, le 28 septembre, pour l’avortement, on a l’impression que c’est une autre préoccupation importante de la jeunesse. De notre côté, en tant qu’organisation syndicale, nous avons un nombre de plus en plus important de situations de Violences Sexistes et Sexuelles à gérer via la Formation Spécialisée Santé Sécurité au Travail. Est-ce que l’Unef Lorraine est également davantage sollicitée sur ces questions ?

A.L. : Effectivement, les VSS sont de plus en plus dans les têtes. Il y a une prise de conscience que des comportements longtemps banalisés ne sont pas normaux, comme par exemple dans les soirées d’intégration de certaines filières. Notre travail syndical est d’alerter sur la présence de ces violences par des campagnes d’affichage mais aussi de dénoncer certains comportements et de donner confiance aux victimes, d’écouter leur parole et de les soutenir. On intervient aussi dans les instances pour que l’Université prenne ses responsabilités en veillant à ce qu’il y ait des sanctions disciplinaires. La prise en compte est progressive, ça avance, pas aussi vite qu’on le souhaiterait mais on part de tellement loin…

 

L’inflation est un sujet d’actualité majeur. Dans l’Éducation Nationale, on assiste depuis quelques années à une précarisation de l’ensemble des personnels. Pour exemple, cette année, 7000 euros d’aides en plus ont été attribués dans le cadre de l’Action Sociale aux personnels. Les AESH sont particulièrement impactées du fait des bas salaires et des temps partiels subis. Concernant les conditions de vie étudiante, quel état des lieux local l’Unef Lorraine peut-elle faire ?

A.L. : L’augmentation du coût de la vie (loyers, transports, nourriture etc) est moins violente sur Nancy-Metz qu’au niveau national mais ça reste une augmentation importante. Depuis la grosse période Covid, on a pris l’habitude de faire de la distribution alimentaire et des petits dej’ solidaires et on a l’impression que ce n’est pas prêt de s’arrêter… L’État refuse de financer à hauteur de ce qu’il devrait le CROUS. Par la mobilisation, on avait obtenu le ticket du Restaurant Universitaire à 1 euro pour tout le monde pendant la période Covid, maintenant il n’y a plus que les boursiers et les boursières qui y ont droit. Mais les bourses sont calculées en fonction des revenus des parents et pas pour la personne qui fait ses études en elle-même, ce qui peut poser problème. Le système de bourses est à repenser et à refinancer. Le nombre de logements en cité U est aussi insuffisant. Et il y a de grosses inégalités territoriales : la même CVEC (Contribution de Vie Étudiante et de Campus) doit être réglée quelque soit où on fait ses études mais les services, culturels ou sportifs par exemples, ne sont pas les mêmes que l’on soit à Nancy, Metz ou Longwy. Les sites délocalisés sont délaissés.

 

La vague de répression nationale de ces derniers mois, que ce soit lors des rassemblements qui ont suivi le recours au 49.3 ou la mort de Nahel, n’a pas épargné notre département. L’Intersyndicale 54 s’est adressée au Préfet dès mars pour dénoncer le climat anxiogène de l’encadrement des manifestations. Les jeunes ayant été particulièrement visé·es par cette répression, comment l’Unef Lorraine envisage-t-elle la poursuite des mobilisations pour la justice sociale ?

A.L. : On est toujours déter’ et mobilisé·es ! Depuis la Loi de Sécurité Globale, il y a clairement une criminalisation des mobilisations étudiantes, que ce soit la remise en cause du blocage comme moyen d’action ou plus largement de l’engagement politique et syndical. Mais tant que la situation ne s’améliorera pas, on continuera à alerter et à se mobiliser !